De nombreux secteurs d'activités proposent des produits intégrants, dans une enveloppe ou un capotage en tôle, des composants électrique et électronique, des automatismes, des composants mécaniques, etc. Il peut s'agir, par exemple, d'automates ou de bornes pour les domaines de la banque, du transport ou d'autres typologies de produits dans les domaines aussi variés que le médical, l'énergie, la défense/militaire, l'agro-alimentaire, etc.
Lorsque la production de ces produits est sous-traitée, ce qui est souvent la règle, les compétences globales nécessaires à la réalisation du projet sont nombreuses et touchent des métiers très différents. Dans ce contexte, l'acheteur peut être confronté à des difficultés pour évaluer les aspects techniques et tarifaires dans le cadre des marchés de sous-traitance.A partir des nombreuses interviews réalisées auprès de donneurs d'ordre et d'entreprise de sous-traitances, Metal-Interface vous propose quelques pistes pour mener ce type de projet industriel. Nous sommes partis du postulat que la solution idéale est un sous-traitant unique en capacité de gérer l'intégralité du projet.
1- Partager le contexte et le cahier des charges avec une revue technique
Sur des produits complets comme une caisse automatique de parking, une borne de recharge pour voiture ou bien d'autres projets, le sous-traitant a besoin de comprendre le contexte pour exercer son rôle de conseil et optimiser les coûts.
Quels sont les contraintes environnementales d'utilisation du produit : brouillard salin, chaleur, froid, humidité, immersion dans l'eau, etc.. Y-a-t'il des contraintes particulières d'un point de vue de la sécurité par exemple ? Quelle est la durée de vie attendue ? Quel est le service souhaité en amont et en aval de la fabrication (conception, vérification des normes, installation, maintenance, etc.) ?
En effet, les conceptions et cahiers des charges initiaux peuvent parfois être optimisés. Ainsi, Christophe Ledevin, ARMITEC, donne un exemple concret : « sur un dossier récent dans le domaine naval, le client souhaitait un acier S355 permettant de résister à des contraintes de température jusqu'à -45 °C. La revue technique avec le client a permis de mieux comprendre l'environnement d'utilisation du bateau, et de constater qu'un acier M235 résistant jusqu'à -20 °C était amplement suffisant. »
En effet, le regard extérieur du sous-traitant est souvent profitable pour optimiser le projet et choisir les meilleurs options techniques et économiques, et en particulier pour :
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Concevoir ou améliorer la conception pour produire au plus juste des attentes du produit/client, en prenant en compte la mécatronique, dans une optique de ‘design to cost’ (prix objectif).
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Limiter les flux entre les pièces de tôlerie, les composants électroniques, le câblage, la livraison sur le site d'utilisation, etc.
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Gérer de façon optimale la gestion des achats et de l'approvisionnement.
Jean-Yves De Buck, OTIMA Industries - Groupe AIM, précise que « les principales possibilités d’accompagnement du donneur d'ordre peuvent se résumer en 3 catégories :
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en amont, un co-design et une co-conception avec le client à partir d'un cahier des charges et d'un 'design to cost' c'est à dire un objectif de coût,
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une phase de re-conception pour optimiser le projet,
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et une industrialisation du projet. »
Le temps de mise en œuvre d'un nouveau produit, ‘time to market’, est de plus en plus réduit. « C'est même devenu un sujet essentiel » ajoute Jean-Yves De Buck, OTIMA Industries - Groupe AIM.
Dans cette optique, comment développer vite et de manière la plus sécurisée possible les projets, tout en ayant une approche sur les coûts ?
« L'élément essentiel est d'associer le sous-traitant dès la phase d'avant-projet, afin de s'assurer de la viabilité industrielle du projet sur tous les aspects et de pouvoir le co-designer » insiste Jean-Yves De Buck, OTIMA Industries - Groupe AIM.
Mais l'objectif est aussi de se mettre d'accord notamment sur le niveau de finition souhaité et les critères d'évaluation pour éviter des incompréhensions, comme le précise Fabian Bijaczyk, MECA SERVICE : « les aspects de finition et de qualité sont des aspects importants à préciser, car sujets à interprétation. »
Maxime Francillon, BERARD, insiste sur le fait que « ce n'est pas une perte de temps de se mettre autour d'une table avec le client pour définir ou préciser un cahier des charges, voire de l’amender. Au final, c'est plutôt un gain de temps : le prix est optimisé et le produit sortira conforme plus rapidement de l'usine. »
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2- Les capacités du sous-traitant en tôlerie globale
Les outils de production et les compétences techniques du sous-traitant sont des éléments clés qui répondent à plusieurs objectifs notamment :
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celui de limiter au maximum le recours à une sous-traitance de deuxième niveau,
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et celui d'optimiser les coûts de fabrication en choisissant les machines et les process de production les plus économiques tout en répondant aux contraintes techniques du client. A titre d'exemple, Xavier Charriton, LAUAK INDUSTRIE, explique que, « quand l'atelier tôlerie dispose de plusieurs technologies pour la découpe et le formage des pièces, le sous-traitant peut choisir la technologie de découpe la plus économique. »
Jean-Yves De Buck, OTIMA Industries - Groupe AIM met l’accent sur « l'importance du 'capacitaire' du sous-traitant à produire les quantités nécessaires, mais aussi à accepter et absorber les variations de production. C'est un point clé dans la 'supply chain’. »
Sans être exhaustif, nous reprenons ci-dessous les principaux postes de production, étant entendu que l'acheteur aura intérêt à se focaliser sur les aspects qui représentent le coût le plus important et ayant le plus de contraintes techniques.
? Conception et bureau d'étude technique
Les compétences des bureaux méthodes des sous-traitants sont variables d'une structure à l'autre. Certaines entreprises ont développé des compétences très étendues allant bien au-delà de la simple reprise de pièce, avec par exemple de la conception/design, de l’ingénierie technique, de la réalisation des études et schémas électrique, etc.
Ainsi, Maxime Francillon, BERARD, donne à titre d’exemple : « un de nos clients est venu nous rencontrer pour la mise en production d'un nouveau produit très design. Après la revue technique du produit, nous nous sommes rendu compte que la production n'était pas possible de manière industrielle. Un travail commun avec le designer a permis de faire évoluer le produit tout en respectant l'ADN du design. »
? Atelier et production tôlerie
La découpe est souvent la première phase de production, avec une grande variété de machines ou lignes de production possibles. Certains équipements, comme par exemple les combinés laser-poinçonnage et combinés poinçonnage-cisaillage, peuvent permettre de réaliser sur la même machine d'autres opérations de production, notamment du pliage, des formages, des taraudages, etc. Les lignes de production type FMS peuvent aussi offrir des gains de productivité importants.
Le pliage est aussi un poste-clé puisqu'il a un impact conséquent sur le coût des pièces.
Et bien entendu, bon nombre de postes de production sont à regarder avec attention, à savoir le roulage, le cintrage et les postes de finition des pièces (ébavurage, brossage, etc.).
? Montage et assemblage de l'enveloppe ou de la structure métallique
La soudure - TIG, MIG, Laser - tient une place importante avec des unités de soudage qui peuvent être manuelles ou des cellules de soudure robotisées. Des optimisations et des alternatives vers des solutions mécaniques, parfois moins coûteuses, sont parfois possibles.
Les solutions d'assemblages mécaniques sont par exemple le rivetage, les inserts, le fluoperçage, le clinchage, le collage, etc.
? Traitement de surface et peintureLes possibilités de traitement des pièces en tôle sont nombreuses : le micro-billage, la phosphatation, la cataphorèse, le zingage bichromaté, l'étamage, l'anodisation, la peinture et les vernis.
Les sous-traitants en tôlerie globale sont souvent intégrés, mais feront souvent sous-traiter les traitements de surface particuliers ou moins courants.
? Montage électrique et intégration électronique
Ce poste peut intégrer à la fois le câblage électrique, le montage électronique ainsi que les tests notamment fonctionnels.
? Capacité logistique
Certains projets industriels nécessitent un cadencement des livraisons, la gestion d'un stock ou l'approvisionnement au client final. Pour répondre à ce type de demande, le sous-traitant peut avoir des zones de stockage, des équipes logistiques, des camions, etc.
? Installation sur site, maintenance et formation
Les compétences du sous-traitant sont parfois très étendues, bien au-delà de la production, avec l'installation, la formation des utilisateurs finaux et voir même la maintenance avec des techniciens habilités.
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3- Achat et approvisionnement
Les achats et les approvisionnements jouent aussi un rôle important dans le process global du projet. Les modèles de collaboration sont variés, comme le précise Jean-Yves De Buck, OTIMA Industries -Groupe AIM : « il peut s'agir, par exemple :
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de l'approvisionnement sur les fournisseurs sélectionnés par le donneur d'ordre,
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de la mise en commun des portefeuilles d'achat, entre le sous-traitant et le client, afin de partager le sourcing et de choisir les meilleurs solutions d'achat,
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des contrats de mutualisation au niveau des groupes (achat de masse).
Les solutions sont nombreuses, en fonction aussi de la technicité des produits achetés. »
C'est un sujet qui nécessite aussi d'être pris en amont afin de valider les spécifications, les tests de mise en œuvre mais aussi les aspects logistiques autour des approvisionnements.
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4- Les certifications et les indicateurs d'évaluation de la performance
Pour l'acheteur, une phase de pré-qualification est souvent menée, soit sur la base des certifications et/ou d'un audit du sous-traitant, soit sur les aspects logistiques, de qualités et économiques.
Au delà de cet objectif, les certifications visent plusieurs objectifs :- d'une part, permettre à l'acheteur de s'assurer des aptitudes générales du sous-traitant d'un point de vue de l'organisation, de la qualité et de l'environnement. Les plus courantes sont la norme ISO 9001 - Système de management de la qualité et la ISO 14000 - Management environnemental. Il existe également des normes plus spécifiques à des secteurs d'activités comme par exemple dans le domaine de l'aéronautique et spatial avec les normes européennes EN 9100, américaine AS 9100 et japonaise JISQ 9100.
- d'autre part, des aspects réglementaires imposent, pour certaines typologies de production et/ou de process, des certifications particulières. A titre d'exemple, les certifications européennes les plus courantes dans le domaine de la sous-traitance tôlerie sont :
- EN 3834-2 : Exigences de qualité en soudage par fusion des matériaux métalliques
- EN 15085-2 : Soudage de véhicules ferroviaires ou de pièces pour véhicules ferroviaires
- EN 1090-1 : Exécution des structures en acier et en aluminium
- AIR 0191 : Exigence concernant l'emploi du soudage et des techniques associées dans les constructions soudées montées sur aéronefs
- EN 24394 : Soudage pour applications aérospatiales
- EN 17660-1: Soudage des aciers d'armatures
Le suivi se fait à partir d'indicateurs définis entre le sous-traitant et son client. Il vise à contrôler, au minimum, 3 aspects clés : la qualité, la logistique et les coûts sur une période donnée (mensuelle, trimestrielle, etc.).
A titre d'exemple, « On Time Delivery » ou « Fiabilité des Livraisons » est un indicateur clé de performance. Il se base sur le rapport entre le nombre de produits livrés dans les temps, sur le nombre total d’unités livrées dans une période prédéfinie par le client et le fournisseur. L’On Time Delivery (OTD) permet ainsi d’évaluer le respect des délais de livraison, et ainsi que la qualité des fournisseurs dans une logique d’amélioration continue et collaborative.Xavier Charriton, LAUAK INDUSTRIE ajoute que « l’amélioration de l’On Time Delivery est un enjeu majeur afin d’accroître son niveau de service client et de renforcer sa position concurrentielle sur le marché. »
Xavier Charriton, LAUAK INDUSTRIE ajoute que « l’amélioration de l’On Time Delivery est un enjeu majeur afin d’accroître son niveau de service client et de renforcer sa position concurrentielle sur le marché. »
L’OTD peut être complétée par d'autres indicateurs ou analyses, comme « la méthodologie de résolution des problèmes » qui a pour objectif d'éviter la récurrence du même problème afin qu'aucune erreur ne soit reproduite pour la même cause.
La tôlerie - globale, technique, intégrée, électronique, etc. - nécessite une compétence très poussée du sous-traitant pour avoir une maîtrise complète du projet. Et Jean-Yves De Buck, OTIMA Industries - Groupe AIM, de conclure : « La production en locale est possible, même avec des objectifs de coût et de délai. C'est en travaillant sur le ‘supply chain’ du projet que la valeur ajoutée du projet, avec une ingénierie globale performante, est améliorée. »
- d'une part, permettre à l'acheteur de s'assurer des aptitudes générales du sous-traitant d'un point de vue de l'organisation, de la qualité et de l'environnement. Les plus courantes sont la norme ISO 9001 - Système de management de la qualité et la ISO 14000 - Management environnemental. Il existe également des normes plus spécifiques à des secteurs d'activités comme par exemple dans le domaine de l'aéronautique et spatial avec les normes européennes EN 9100, américaine AS 9100 et japonaise JISQ 9100.
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- Article technique
Sous-traitance globale : tôlerie, mécanique, électrique, électronique, automatisme, etc.
Publié le 11/02/21 — Mis à jour le 12/04/24